Reportage sur l'accueil-studio du Collectif ÈS

Reportage réalisé par Wilfrid Haberey



Fiasco (titre provisoire)

Tu crois qu'ils vont s'en rendre compte qu'on n'y connait rien ?
Non si on parle de la musique ça devrait aller…
Non, mais s'ils insistent on parlera de la force contestataire du mouvement, de la dichotomie entre les textes et la musique, du fun, du plaisir, de la physicalité et puis de l'acte de création
Oui et puis on est pas obligé de raconter exactement tout ce qu'on veut faire
Oui oui le rugby, le catch, les rois, les drags et tout le reste, on en parle surtout pas
Et on en parle de l'idée de structure qu'on imagine pour cette pièce ?
La création d'une pièce de 10min qu'on déconstruit complètement en une heure pour recréer du nouveau, une autre forme qui ressemble finalement à celle d'origine ?
Non là on va les perdre, on aura jamais la coproduction, il nous la faut absolument pour payer les 7 danseurs, les régisseurs, le regard extérieur et le costumier qu'on a pas encore trouvé d'ailleurs.
Mais est-ce-qu'on parle de la recherche physique sur le désaccord et le paradoxe de faire groupe ?
Oui faut absolument
Et s'ils nous demandent pourquoi la pièce s'appelle Fiasco ? On parle quand même de ce que cela nous évoque ? L'échec sexuel masculin, l’échec complet, le lien à l'essai comme manifeste créatif ou comme tentative ? Et que ça nous évoque le carnaval, la politique ?
Non on le garde en interne, pour nous dans le studio. On a pas besoin de tout raconter.
En fait ce serait génial d'arriver à présenter le projet comme la bd Carnet du Pérou de Fabcaro qui raconte son voyage au Pérou alors qu'il n'y a jamais mis les pieds !
C'est exactement ce qu'on veut faire, la mémoire, les représentations, la distanciation, l'humour par le regard.

Texte librement inspiré d'une conversation du 30/03/2020


Production : Raphaëlle Gogny – Collectif ÈS

Coproduction : La Comédie scène nationale de Clermont-Ferrand, Faire-E CCN de Rennes et de Bretagne, CCN - Ballet de Lorraine, La Rampe Scène conventionnée d’intérêt national d'Echirolles. Production en cours.





© Nadine Barbançon

Le Collecif ÈS

Notre travail : créer à 3, assembler nos différents regards pour donner corps à nos idées. Créer du spectacle vivant c’est proposer des objets vivants, vus, vécus par des vivants : un lien entre plusieurs personnes, sinon rien. On aime ce partage-là et on le cherche à notre façon : par l’engagement du corps, l’action, le dévoilement de soi-même et même un peu de recul, de dérision de soi.

Agir avec humour décale les points de vue et sait parfois mieux faire ressurgir les couches profondes de l’humain que ne le feraient les mots. Attention, on prend ça très au sérieux. Nous avons créé en 2014 Hippopotomonstrosesquippedaliophobie alors que la question d'être auteurs interprètes se posait à nous. Creuser la forme trio à travers une recherche physique de contact, avec une attention particulière à la structure de la pièce. En 2017 Jean-Yves, Patrick et Corinne est créée. Un trio pour cinq interprètes où la question de l’interchangeabilité des uns et des autres est le point de départ, ainsi que l’appropriation de tubes populaires et de la pratique de l'aérobic. Une recherche autour du populaire débute. En 2019 nous re-questionnons notre fabrique collective à travers un processus nouveau : la création de solos pour une pièce collective, 1ère Mondiale, où se mêlent John Travolta, Maurice Béjart et le tube planétaire Despacito. La recherche du commun et de l'intime se poursuit et la question de la construction du sujet par son environnement y est clairement exposée.

En parallèle aux créations plateau, nous créons et développons le concept de la Série populaire. Composée de trois épisodes, cette série est née du désir de revisiter des évènements rassembleurs connus et codifiés. Nous cherchons à créer des dispositifs qui diluent les codes et troublent les repères pour emmener les gens dans le mouvement. Les danseurs et les complices amateurs propagent une contamination physique, les frontières se floutent et le spectateur lui-même devient performeur. L'objet artistique devient un point de rencontre entre la pratique et la création. Le bal I Wanna dance with somebody est créé en 2016, le Karaodance en 2018 et le Loto3000 en 2020.