De l'irréel à l'hyperréalisme, du créatif au politique, la fiction a un pouvoir immersif auquel nous ne pouvons résister. Comme un super partenaire de danse, elle a le potentiel de nous éloigner du quotidien. L'histoire a prouvé que nous sommes accros à la réinvention de notre réalité, à travers le faire croire et l’élaboration de fabrications inimaginables.
Notre saison 2020-2021 propose sept nouvelles productions, au cours de trois programmes, qui célèbrent le caractère inventé, construit et irréel de la danse. Ce thème nous permet de tisser notre chemin depuis les références historiques jusqu’à la création d’aujourd’hui, autant de preuves et d’illustrations de notre soif insatiable pour l'art de la fiction. Or, combien ce sujet nous paraît pertinent à une époque où nous sommes touchés par des circonstances aussi extrêmes qui nous encouragent à remettre en question, et, dans certains cas, à ré-imaginer notre existence.
Opéra national de Lorraine
Opéra national de Lorraine
En 1954, Yves Klein esquisse un ballet intitulé La Guerre (de la ligne et de la couleur), destiné à mettre en scène ses réflexions physiques et performatives sur l’immatérialité de son art. C’est à partir de ce passionnant – mais incomplet – scénario que Petter Jacobsson et Thomas Caley ont imaginé cette nouvelle création, à l’initiative du Centre Pompidou-Metz. Ils nous proposent ainsi de partager l’expérience du travail d’Yves Klein, qu’ils voient comme une tentative utopique d’interagir avec le divin, comme une expression de l’irrépressible envie humaine d’aller caresser les cieux.
Ils ont convié l’artiste plasticien Tomás Saraceno – réputé pour son goût pour l’interdisciplinarité artistique – à en imaginer la scénographie : un grand kaléidoscope d’ombres et de lumières, où les corps bougent et se débattent, comme dans une longue suspension avant la chute.
Après Relâche en 2014, Petter Jacobsson et Thomas Caley ont décidé de se replonger, au cours d’une soirée unique, dans l’univers décalé des Ballets suédois – compagnie mythique qui avait ses quartiers parisiens au Théâtre des Champs-Elysées pendant les années folles – à l’occasion du centenaire de leur création. Dominique Brun, Latifa Laâbissi et Volmir Cordeiro ont été invités à s’emparer, avec eux, de ce riche répertoire pour l’acclimater à leurs propres préoccupations esthétiques. Forts de leurs parcours, origines, générations et univers très différents, ils sauront, sans nul doute, nous faire (re)découvrir ce formidable passé dans une approche résolument contemporaine. Elle nous permettra de saisir l’audace de cette aventure artistique qui avait réussi, en son temps, à ré-enchanter son époque.